Eglise Evangélique Baptiste - Semaine Universelle de Prière 2021

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Audio de jeudi 14.01.21

Courte méditation de C.-H. Gobat


Luc 10 : 25-37__

« Qui est mon prochain ? » Ce récit nous met en présence d’un homme instruit. Un « spécialiste de la loi » (v.25) nous rapporte l’Évangile de Luc. Autant dire qu’il a intégré bien des choses au sujet de la foi. Et Jésus ne manque pas de le souligner « tu as bien répondu » lui dit-il. Et pourtant, c’est là, dans un contexte où tant de choses sont bien connues et bien intégrées que cet érudit pose cette question : « mais qui est mon prochain ? »

Cela nous montre qu’il y a, comme cela, des lieux, où l’on pense à première vue être parfaitement au clair « L’amour de l’autre ? On sait bien ce que cela signifie… c’est tellement au cœur de la foi chrétienne ! » MAIS il suffit que l’on soit un peu sollicité par les questions d’application, ou par des circonstances plus exigeantes que la théorie. Et voilà que, tout d’un coup, les choses deviennent moins claires. Après les grandes envolées théoriques, on se retrouve alors à des calculs un peu pitoyables ou des reculs qui ne sont pas plus glorieux. C’est ce qui se passe ici pour cet homme. Mais dites-moi, qu’en est-il de nous ?

Je suis persuadé que, pour la plupart d’entre nous, cette question de l’amour du prochain est une question théoriquement réglée : « tout homme, toute femme est mon prochain. » Ok, très bien ! Mais attention à ne pas nous cacher derrière ces grandes affirmations théoriques car la question demeure : que deviennent-elles en situation ? Lorsqu’un de mes « chers prochains » me fait une queue de poisson en voiture ? Lorsque certains « prochains » me « mettent la pression », à mon travail, dans mon quartier ? Lorsque je me sens insécurisé, minoritaire, parfois légitimement menacé dans mes intérêts ? Lorsque ce « prochain » manifeste une différence qui me heurte ? Lorsque, tous les jours, l’un ou l’autre de ces « prochains » me pèsent par sa présence, son attitude, ses exigences ?

Qu’il est tentant, alors de répondre à la question « Qui est mon prochain ? » par « en tous les cas, pas lui, pas elle ! », avec toutes sortes de bonnes raisons pour mettre juste pour lui, juste pour elle, une « petite » clause d’exclusion. Et parfois pas sans fondement…. Plus que nous l’affirmons, on sait se cacher derrière tellement de paravents pour justifier telle ou telle exclusion.

Mais tout cela, Jésus le sait. C’est pourquoi il choisit, ici, de décaler la question. Et de rappeler qu’elle se joue, décisivement, sur le terrain, en face des situations. Voilà pourquoi il raconte une histoire très concrète : celle d’un homme attaqué, blessé, sur une route réputée insécure, entre Jéricho et Jérusalem. L’homme est là, roué de coups, à moitié mort, au bord du chemin.

Une, deux, trois personnes passent. Que feront-elles ? Quelle sera leur attitude de cœur qui portera leur action ? Car c’est là que se joue décisivement la question du prochain. EN SITUATION et non dans les seuls discours... Il y a dans ce récit une claire invitation à l’ACTION, à l’ENGAGEMENT : Va, toi, et fais de même lui dit Jésus. La foi est ici invitée à se traduire par des actes concrets à l’égard de nos prochains. Mais dis- moi : QUI EST TON PROCHAIN ?

Gardons-nous d’une réponse hâtive. D’ailleurs, on peut relever pour conclure que le récit de Jésus met mal à l’aise ses auditeurs. Pourquoi cela ? Parce que le prêtre et le lévite, ce sont des gens qui ont de bons principes, de bons sentiments. Ils représentent les gens de bonne volonté, comme tout un chacun. Or, aucun d’eux ne s’arrêtent. Et l’on se retrouve avec la gêne, le malaise de les voir ainsi ne pas s’arrêter. Et voilà que Jésus choisit de nous placer devant la terrible possibilité de ne pas être le prochain de celui envers qui nous pourrions l’être, envers qui il faudrait l’être. Il ne veut pas nous « sécuriser à bon compte » mais nous tenir en éveil. « Père, que nous ne nous contentions pas de ce que nous croyons en théorie mais donne-nous d’agir et, avec ton aide, élargis nos cœurs et nos têtes à celui qui se présente sur nos chemins. »